L'AUTRE E LETTRE N°22- avril.
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Les Aborigènes d'Australie
On ne peut pas changer le rêve, disent les
Aborigènes. S'imprégner de la racine
spirituelle des peuples premiers devrait nous
apprendre une autre façon d'exister et
de projeter notre avenir sur cette planète,
s'il n'est pas trop tard.
Les hypothèses de leur arrivée en
Australie : On croit qu'autrefois, l'Australie
était reliée à l'Amérique
du Sud, puis que cette île géante
s'est séparée et a dérivé
sur les courants de convection. Peut-êtreque
les Aborigènes se sont retrouvés
coincés sur ce nouveau continent, en compagnie
des marsupiaux qui habitent maintenant avec eux.
On pense aussi qu'il y avait une bande de terre
qui reliait l'Australie à l'Asie, puis
qu'elle fut submergée,
et là encore, les Aborigènes seraient
restés coincés. Ou peut-être
ont-ils toujours été là.
Personne n'est vraiment certain. Mais des ossements
datant de 60 000 ans ont été retrouvés
en Australie. Selon leur légende, les Aborigènes
demeurent là depuis la formation de ce
pays. Ils qualifient cette époque de Dreamtime
(temps de rêve) parce que l'humain a été
créé à partir de la Terre
et qu'il ne peut vivre sans elle.
Les
Aborigènes aujourd'hui :
Ils étaient environ 750 00 avant la colonisation,
et peut-être plus. De nos jours, ils seraient
un peu moins de 400 000 et ils représentent
2 % de la population australienne. Il existe quelques
250 tribus divisées en clans avec autant
de langues et dialectes. Chacun pouvant parler
une ou plusieurs langues affiliées à
des territoires définis avec lesquels ils
avaient des liens physiques et spirituels. De
nos jours, les Aborigènes préfèrent
vivre au centre du pays, dans les déserts
remplis de monuments étranges. Ils se nourrissent
d'insectes et font une foule de rituels qui peuvent
nous sembler étranges, mais qui, pour eux,
ont de fortes significations.
Ils refusent de changer leurs habitudes reliées
à leur spiritualité. Pour eux, les
ancêtres, les dieux et la nature sont à
la base de leur vie. Les non-aborigènes
souhaitent changer leurs habitudes. On exploite
les ressources qui se trouvent dans leur habitat.
Ils essaient de les intégrer dans leur
société, de les civiliser. Certains
Aborigènes ont décidé de
s'intégrer à cette civilisation,
mais les résultats sont désastreux.
L'éducation néglige les jeunes Aborigènes.
Il leur est impossible d'apprendre leur langue
et l'histoire de leurs ancêtres ou de leurs
dieux.
Pour
les Aborigènes, l'espérance de vie
est moins élevée d'au moins 20 ans
comparée aux non-aborigènes. Les
soins de santé et les conditions de vie
sont médiocres. La mortalité infantile
est trop élevée. Les Aborigènes
font de plus en plus de manifestations pour faire
reconnaître leurs droits, et ça marche!
La plus grande manifestation de leur réussite
fut leur présence à la cérémonie
d'ouverture des Jeux Olympiques de Sydney. 1/3
de la population aborigène vit en zone
rurale et reculée; 30% dans des villes
de plus de 100 000 habitants, 42% dans des villes
et villages, 27% vit en zone rurale et très
reculée.
Le Dreamtime ( le temps du rêve):
Selon les mythes aborigènes, la Terre,
les humains, la faune et la flore furent créés
durant le Dreamtime. Ce temps existait en dehors
du temps normal, au-delà des mémoires,
des histoires et des connaissances. C'est un temps
sacré, d'une force cosmique où le
physique et le moral se formaient. Les Aborigènes
croient qu'à leur mort, ils iront rejoindre
leurs ancêtres. Cette histoire est très
répétée aux jeunes pour les
accrocher
à la vie. Ce mythe est
aussi symbole politique, car le résultat
sera une purification et le retour des terres
aux Aborigènes. Selon les Aborigènes,
les esprits vivent dans la terre et au ciel. Ils
donnent un sens au monde. Ils façonnent
les montagnes et les fleurs, donnent des habitudes
aux animaux. Lorsqu'en 1788 les colons blancs
d'Angleterre arrivèrent au pays, les Aborigènes
pensaient qu'ils étaient des esprits et
que le Dreamtime était revenu. Imaginez
leur désarroi lorsqu'ils se sont rendus
compte qu'ils n'étaient que des humains.
Les sociétés aborigènes possèdent
des rituels. Le principal, le corroborree, est
une cérémonie qui marque une occasion
spéciale. C'est un festival d'esprits qui
se tient la nuit, accompagné de danses
et de musiques. Les Aborigènes se peignent
le corps et portent des plumes. Tous, du plus
jeune au plus vieux, participent. Durant la soirée,
les hommes jouent du didgeridoo, un long et fin
instrument à vent fabriqué dans
une branche d'arbre vide. Ils frappent aussi des
boomerangs et des woomeras pour donner du rythme.
Le
Didgeridoo
Il est un instrument mythique qui accompagne les
chants et les rites de cérémonies
de certaines tribus. C'est un instrument à
vent, en bois creux ou creusé par les termites.
La plupart des didgeridoos sont en bois d'eucalyptus.
Il en existe quelques 500 espèces connues
pour leur rusticité, parfaite adaptation
au type de sol et climat. En fait un didgeridoo
authentique est un tronc ou branche d'eucalyptus
dont les termites ont creusé l'intérieur
de la paroi. Durant l'époque nomade, un
didgeridoo était un objet rituel. De nos
jours, n'ayant pas d'autre alternative à
la survie de leur culture, les Aborigènes
commercialisent cet instrument avec l'objectif
de se re-approprier un contrôle de leur
patrimoine
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