L'AUTRE E LETTRE N°22-
avril. 02
L'autre expo
Les artistes de PharaonDeir el-Médineh
et la Vallée des Rois
Ni
sarcophage d'albâtre ni statue colossale,
c'est une Egypte pharaonique très humaine,
celle des artistes affectés aux fabuleuses
tombes royales de Thèbes (Egypte). On les
appelait "les hommes de la tombe" car
leur tâche consistait à creuser,
dessiner, peindre et sculpter les demeures d'éternité
des Toutmosis, Aménophis ou Ramsès
qui régnèrent sur le Nouvel Empire
(1550-1069 av. J.-C.). Leur village de Deir el-Medineh
fut construit ex-nihilo pour les héberger
avec leur famille, dans un vallon situé
à proximité des vallées des
Rois et des Reines, sur la rive gauche du Nil,
celle du soleil couchant et des morts.
A partir de 370 uvres, dont 250 provenant
du Louvre et de ses réserves, l'égyptologue
Guillemette Andreu réussit à faire
revivre le monde non plus divinisé et médiatisé
des pharaons, mais celui d'une caste bien plus
vivante.
L'exposition,
qui voyagera à Bruxelles à l'automne,
puis à Turin (Italie) l'hiver prochain,
restitue la vie quotidienne de cette communauté
à part, suffisamment privilégiée
pour être nourrie, logée, blanchie,
libre des corvées ancillaires. Hommage
aux découvreurs des années 1920-1930
- dont Bernard Bruyère, qui mit au jour
des milliers de "brouillons" réalisés
par ces artistes sur des éclats de calcaire
(ou "ostraca") - c'est une tente d'archéologue
qui nous accueille. Le parcours se décompose
alors en quatre sections: vivre, créer,
croire, mourir.
Les familles de Deir el-Medineh habitaient des
maisons en brique crue - quatre pièces
disposées en enfilade sur 70 m2 -, se faisaient
livrer l'eau faute d'en avoir trouvé dans
le "grand puits", qui leur servit de
poubelle pour leurs "brouillons" et
constitue de fabuleuses archives pour la postérité.
A leur lecture - certains ostraca sont "figurés",
c'est-à-dire peints, d'autres décrivent
dans une écriture cursive les mille détails
de la vie -, on sait que pain et bière
étaient la base de leur alimentation, mais
qu'ils adoraient les noix de palmiers-doum ou
les figues de sycomore.
De
ces 68 maisons, ont été extraits
poteries, sièges, pliants en bois, linteaux,
coffrets ou chevets (repose-tête), mais
aussi terrines, fait-tout, moules à pain,
vase à onguents, paniers, lampes ou briquets.
es "hommes de la tombe" - carriers,
dessinateurs, peintres, sculpteurs - fonctionnaient
en équipes, divisées en deux "côtés",
"la Droite" et "la Gauche",
chacune ayant pour tâche de travailler sur
une moitié de la tombe. Selon les archives
du scribe de la tombe, les mèches qui les
éclairaient se consumaient en 4 heures
et il leur en fallait deux par jour. Conclusion
: les artistes travaillaient 8 heures par jour,
8 jours de suite, suivis de 2 jours de repos.
Les absences étaient fréquentes,
pour raisons de santé, de services rendus
au chef ou de fêtes religieuses.Les croyances
religieuses étaient multiples et au panthéon
du Pharaon s'ajoutaient des divinités locales
comme la déesse-serpent Méresger,
qui frappait de cécité les coupables
ou parjures, mais pardonnait volontiers. Pendant
leur temps libre, les artistes s'occupaient de
leur propre tombeau et l'exposition présente
la copie grandeur nature de celle du célèbre
artisan Sennedjem, dont les murs du caveau illustrent
les "Champs d'Ialou", évocation
d'un Eden issu du Livre des Morts. Le travail
dans la Vallée des Rois est raconté,
presque au jour le jour, par des documents inscrits
(papyrus, ostraca) qui relatent l'organisation
des équipes, les mouvements de grève
(déjà !), les conflits, les motifs
d'absence
le reste, allez le decouvrir
Du 19 avril au 22 juillet 2002
Hall Napoléon, Ouvert tous les jours, sauf
mardi, de 9h à 17h30 et jusqu'à
21h30 le lundi et mercredi.Billet spécifique
à l'exposition: 5,50 €.Un billet jumelé
donne également accès aux collections
permanentes et à l'exposition: 10 €
avant 15h; 8 euros après 15h et le dimanche
toute la journée
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