L'AUTRE E LETTRE N°22-
avril. 02
L'autre Musique
Salif Keita : la voix d'or
Le nouveau Salif Keita Moffou, disponible
depuis un mois, est sans doute l' album le plus
intense que le chanteur ait signé depuis
Soro (Universal), sorti à la fin des années
1980. Après Papa, dans lequel Salif Keita
revendiquait le droit au rock, l'artiste a opté
pour plus de délicatesse et de sobriété.
Il a renoué avec une musique aux lignes
esthétiques proches de ses racines, remplacant
la batterie par une calebasse , un tama et un
djembé ; il a rajouté aux côtés
de la guitare un kamalé n'goni (harpe à
six cordes montées sur un bambou et une
calebasse) et un luth n'goni
Cela faisait des années que, dans son entourage,
certains lui suggéraient de laisser plus
de liberté à sa voix, de ne pas
l'étouffer sous des instruments trop bruyants.
Mais l'homme est têtu. Cette voix, exceptionnelle,
bouleversante, il la lance moins souvent dans
des hauteurs vertigineuses. Au long de son dernier
album, il chante plutôt dans un registre
médium. Yamore, le duo avec Cesaria Evora
ouvre l'album avec une certaine magie quand les
percussions et le kamalé n'goni jouent
à l'énergie, toutes les réserves
tombent. P.L***.
Brandy quoi ?
Brandy
a entamé une carrière dans le show-biz
très tôt... Dès l'âge
de 10 ans, elle enregistre son premier single
et commence à répéter en
studio ! Cinq ans plus tard, elle décroche
le premier rôle de la série télé
à succès Moesha. Sur sa lancée,
Brandy enregistre l'album Never say never et explose
les charts avec sa consur Monica, le temps
d'un Boy is mine malin (un des plus beaux tubes
de la fin des années 90), produit par l'excellent
et très convoité Rodney Jerkins.
2002, Brandy revient. Certes, Full moon est un
album réussi, mais pas vraiment surprenant.
A réserver aux fans en somme... Dommage.
Retour vers le futur pour Herbie
Toujours
sur la brèche, Herbie Hancock continue
inlassablement de pourchasser l'air du temps à
coups de filet électronique. L'ex-pianiste
des heures héroïques du second quintet
de Miles Davis s'engouffre donc dans la caverne
électro avec un Future 2 future placé
sous les auspices de la cybernétique, de
la pop-philosophie (titres des morceaux : Black
gravity, Ionosphère, Wisdom) et des matériaux
d'avant-garde (une photograhie de pochette qu'on
prendrait presque pour une publicité Gore-Tex).
Mieux valait ne pas passer seul l'épreuve
du millénaire : quelques pointures du genre
l'accompagneront donc dans son périple
machinique, les experts Carl Craig et Bill Laswell
en tête ; la jazz touch, elle, sera représentée
par Jack DeJohnette (batterie), Charnett Moffett
(contrebasse -"acoustic bass", précise-t-on
dans le livret, sans cependant aller jusqu'à
mettre le mot "acoustic" en italique),
Wayne Shorter (qui illumine trois plages au saxophone
ténor ou soprano) et un Tony Williams mystérieusement
requinqué (batterie, sur un morceau justement
intitulé Tony Williams).
Le résultat, quoique hétéroclite,
se situe plutôt dans le haut du panier bien
rempli des expérimentations electrojazzy,
encore que n'en ressortent guère de pistes
réellement innovantes. Des climats, certes,
des sons et des couleurs, bien sûr, mais
peu d'idées suffisamment neuves pour maintenir
l'attention de bout en bout. Reste une bande sonore
parfois surprenante, souvent séduisante,
qui enfonce copieusement une partie des suiveurs
essoufflés des modes de l'époque
mais ne parvient pas à se hisser au niveau
de ceux qui les font.B.Q
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